Divergences Revue libertaire en ligne
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Le mouvement tunisien est politique et social
Article mis en ligne le 30 janvier 2011
dernière modification le 28 janvier 2011

Voici des bribes d’un dialogue mené avec deux militants et publié sur le site de Mondialisme.org

Passionnant, loin du langage militant traditionnel

Pour caracté­riser exac­te­ment ce qui s’est passé, nous disons qu’il s’agit d’un soulè­vement popu­laire : ce n’est pas une révo­lution dans le sens tra­di­tion­nel c’est -à-dire strict et plein du terme. Ce qui s’est passé est com­pa­ra­ble aux inti­fa­das, aux soulè­vements, aux rév­oltes qui se sont déroulées dans les ter­ri­toi­res occupés dans les années 90 du siècle passé. C’est donc un mou­ve­ment popu­laire qui vise la démoc­ratie, les libertés fon­da­men­ta­les et la satis­fac­tion de reven­di­ca­tions socia­les : les dimen­sions poli­ti­ques et socia­les sont imbri­quées, enchevêtrées
[...]

Pensez-vous que la situa­tion pour­rait déb­oucher sur une révo­lution telle que vous la défin­issez ?

Ce sont les gau­chis­tes qui pen­sent comme ça... Ils disent qu’il faut insis­ter, qu’on doit conti­nuer la mou­ve­ment jusqu’à la vic­toire finale – avec des accents qui rap­pel­lent celle des bol­che­vi­ques... Et c’est ce qu’ils sont en train de faire main­te­nant. Mais ce n’est pas une révo­lution : c’est un soulè­vement popu­laire qui a déb­ouché sur des acquis : l’éviction du grand dic­ta­teur et de sa famille, la déc­ouv­erte du niveau de cor­rup­tion qui a caractérisé le pou­voir tuni­sien, des luttes au sein des entre­pri­ses pour évincer les res­pon­sa­bles cor­rom­pus. Il y a donc un mou­ve­ment général de conquête de liberté qui ne se limite pas à la liberté de former des partis, la liberté de la presse, etc. mais qui s’étend jusqu’à la liberté même au sein des entre­pri­ses, des admi­nis­tra­tions, etc. Tout le monde main­te­nant s’est libéré de ce blo­cage qui a été imposé par la dic­ta­ture et a été entre­tenu depuis main­te­nant 54 ans - parce qu’il ne s’agit pas que de l’ère Ben Ali, c’est-à-dire le parti unique aux com­man­des, l’Etat-parti qui surplombe tout, etc..
[...]

Ce qui est para­doxal c’est que les staliniens d’ici appellent les gens, dans leurs tracts, à se cons­ti­tuer en conseils popu­lai­res : c’est com­plè­tement en contra­dic­tion avec leurs dis­cours et leur idéo­logie. Ce sont des loups : ils peu­vent aider à ce que se cons­ti­tue de tels comités, mais pour se les acca­pa­rer ensuite à leur profit : on l’a déjà vu dans l’his­toire... Mais de toute façon, ils n’ont pas la pos­si­bi­lité de la faire, ni la clair­voyance néc­ess­aire. En tout cas, d’ici un mois, les choses vont se cla­ri­fier : l’idée cen­trale qui émane de la popu­la­tion, c’est que ce soulè­vement est le nôtre et on ne veut pas qu’il soit récupéré par les partis. Déjà c’est un acquis impor­tant. Quant à la récu­pération, tout le monde est contre, qu’elle vienne du pou­voir ou des oppo­sants. Pour nous, ces posi­tions vont dans le sens d’une démoc­ratie directe, en tous cas, ce sont les prém­isses. Nous allons conti­nuer à oeu­vrer en ce sens en tous cas.