Nous sommes partis d’hier du Caire vers 15h, enfin, en bus en direction d’El Arish notre destination vers Rafah. Nous sommes revenus le soir à la case depart, arrêtés par la police à 15 km du Caire
Après plusieurs jours bloqués au Caire, vous pouvez imaginer notre joie d’enfin monter dans un bus et sortir du Caire ; nous savions que nous n’irions pas loin, mais on a toujours l’espoir dans une démarche comme celle dans laquelle nous sommes.
La symbolique était là , nous avions fait quelques pas en direction de Gaza !
Nous voulions au moins clore cet épisode par une conférence de presse, et là au point où nous devions avoir la rencontre avec des journalistes, la police était là, interdiction de sortir des bus.
Il faut que je revienne sur plusieurs choses pour que vous compreniez ce qui se passe ici (pour moi même c’est très complexe également et j’avance peu à peu dans la compréhension des divers paramètres)
– il y a ce qui relève de notre organisation
– il y a ce qui relève de la politique égyptienne, de la communauté internationale, des relations de chacun de nos pays avec l’Égypte
– il y a ce qui relève du calendrier dans lequel arrive cet évènement notre marche pour la liberté de gaza
notre organisation :
Nous sommes donc environ 1400, avec une coordination internationale, mais des particularités et une indépendance de chaque organisation dans la façon d’atteindre cet objectif commun : se rendre vers Gaza pour faire pression et attirer l’opinion publique internationale pour dénoncer le blocus, juger les criminels de guerre conformément au rapport Goldstone, rencontrer les Palestiniens de Gaza pour ensuite témoigner de leur message à la communauté internationale, apporter notre solidarité.
Concrètement il y a le gros groupe des Américains (700), le gros groupe des Français 400 à 500 et les autres se sont en général ralliés à ces deux groupes, mais les Espagnols par exemple sont partis directement à El Arish, et ils y sont seuls, bloqués par la police, et nous autres n’avons pu les rejoindre à ce jour ;
Il y a aussi la division des Français en deux groupes : le plus gros celui de la CAPJIPO (euro-palestine) 300 personnes et le Collectif pour une paix juste et durable (mené par le CCIPPP) avec lequel je suis (par le fait du hasard) ; entre ces deux groupes il y a des divergences politiques dans la façon d’agir et cela a amené deux organisations distinctes
Toutes ces divisions pèsent car elles éclatent notre mouvement, puisque nous ne sommes jamais tous ensemble à agir ; mais cela pouvait-il être évité , sans doute pas, et après tout dans dans les faits maintenant ça amène aussi une certaine dynamique, face à une situation de blocage de la part de l’Égypte. Il y a des actions diverses qui émergent, néanmoins et je ne suis pas la seule c’est un grand bonheur quand nous pouvons nous retrouver sur une action ou une autre , se rendre visible, sortir de notre éclatement dans x hôtels ;
le contexte politique :
Je ferai court ; l’Égypte a annoncé la construction de ce mur souterrain sur sa frontière avec la bande de Gaza, cela début décembre ; les Américains sont dans le coup, les Français parait-il aussi...bref dur dur !
Face à cela il y aurait des réactions du Hamas, une insécurité autour de la frontière, et donc facile de dire : pour des raisons sécuritaires, cette zone vous est interdite.
Le régime de Mubarak, sans commentaire ; sa position dans le conflit Israëlo-palestinien, sans commentaire non plus, Cela pèse lourd !!!!
Aujourd’hui Netanyaou est au Caire !
et petite info Leïla Shahid arrive aussi pour défendre le passage des internationaux vers Gaza...sans préjuger de son influence, au moins on peut penser que tout cela fait du ramdane et si nous ne sommes pas a Gaza, nous espérons au moins provoquer ces remous.
Je peux maintenant vous résumer les actions
– donc les uns après les autres se sont vus annuler les bus pour quitter le Caire
– face à cela a partir du 26 des réactions ont commencé.
Les Américains ont fait une première manifestation au bord du Nil (sur les grandes avenues qui longent), nous sommes plusieurs à les avoir rejoints, et ça nous a fait une grande bouffée d’air, enfin on s’exprimait on disait pourquoi on était là, on tenait des petites bougies, on chantait ; les flics sont arrives, mais sans violence, plutôt sympathiques même, et après une heure on s’est dispersé.
Au même moment le 26 toujours, le groupe des Français d’Europalestine, avait un rassemblement devant l’Ambassade de France, lieu où devaient arriver leurs bus, mais bus qui avaient été annules, ils faisaient donc un sit in devant l’Ambassade et des négociations de leurs organisateurs avec l’Ambassadeur ont abouti à l’annonce de six cars qui allaient les faire partir vers El Arish, une vraie fête musique...à cette annonce ; mais une heure plus tard c’était l’annonce que les cars avaient été bloqués.
C’est dans ce groupe qu’il y a monseigneur Gaillot, avec qui j’ai d’ailleurs parlé quand je l’ai vu là bas. Depuis ce soir là ce groupe campe devant l’Ambassade sur le trottoir et dort sur place ; ils ont choisi d’y rester tant qu’ils le pourraient, l’autre choix qu’on leur donnait c’était d’aller dormir au lycée français et ensuite de reprendre l’avion.
Quant à mon groupe, davantage dans une démarche de négociation, de contacts avec les Égyptiens à tous les niveaux, militants ou autorités égyptiennes, l’action d’hier a été de tenter un départ vers El Arish, ce que nous avons réussi à faire avec la suite que je vous ai dite.
Donc nous sommes tous ou presque au Caire, la surveillance policière s’est accrue, parfois nous ne pouvons pas sortir de l’hôtel ; ils veulent notamment nous empêcher de rejoindre le groupe devant l’ambassade ;
Des actions se préparent sous le manteau, au niveau des responsables et des coordinateurs....
Voilà ou nous en sommes
Nous souhaitons tenir et dénoncer chaque fois que c’est possible devant la presse les obstacles que nous rencontrons.
Au départ il était bien clair, pour notre groupe du collectif... que la cible n’est pas Mubarak, mais Israël, néanmoins difficile de ne pas relever la tête et réagir à l’attitude de l’Égypte.
Chaque heure, chaque jour apporte des éléments nouveaux, difficile de programmer à l’avance.
Voilà ou nous en sommes ce mardi midi.
Je vais essayer de sortir de l’hôtel (j’en ai change pour un autre où nous sommes aussi installés), même si c’est toujours pollué, ça l’est un peu moins et j’ai au moins plaisir a sortir dans la rue, l’impression qu’il y a un peu d’air, que je respire, tandis que dans l’autre hôtel en plein centre , j’avais l’impression "d’entrer" quand je sortais, "d’entrer" dans une énorme voute grise de pollution, de bagnoles...de poussière
Monique