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Un guide méchant [et parfois moche] de Paris.
Trois vues de l’architecture moderne
Jean-Manuel Traimond. Photos Christiane Passevant
Article mis en ligne le 15 septembre 2009
dernière modification le 27 juillet 2009

Hervé Martin, dans son Guide de l’architecture moderne à Paris (Syros Alternatives), sur la Maison des Sciences de l’Homme : « Elle fut construite en 1968 au coin du Boulevard Raspail et de la rue du Cherche-Midi en un temps où l’architecture moderne, sûre d’elle-même, était plus soucieuse d’illustrer une doctrine que de s’intégrer dans la ville existante ». Horace Léon, dans le Dictionnaire des pénitenciers : « la plaque qui signale qu’en ces lieux s’élevait la prison du Cherche-Midi est inutile ; l’architecture le rappelle assez. »

Et ceci, à propos de la Cité Internationale des Arts, quai de l’Hôtel de Ville, voisine de l’Hôtel d’Aumont et proche de l’Hôtel de Sens : « Tant qu’à défigurer ces deux chefs-d’œuvre qui vont si bien à Notre-Dame, tant qu’à construire ce bac à glaçons, on aurait pu au moins en faire un musée du sorbet, au lieu d’un congélateur de l’inspiration. »

À Paris, on vit en appartements rassemblés dans des immeubles collectifs ; les villes anglo-saxonnes, elles, préfèrent les maisons séparées, réservées à un seul ménage. On découvrira néanmoins les similitudes entre maisons anglo-saxonnes et appartements parisiens dans ce texte d’Ivan Illich tiré du Genre Vernaculaire (Fayard) : « L’appartement moderne procède du même type d’espace pour lequel sont conçus les garages. Il (…) a pour fonction de répondre aux besoins imputés à ses habitants. Et il est généralement lié à des systèmes de transports. Aussi bien le garage que l’appartement sont construits rationnellement et économiquement dans le but d’entreposer pour la nuit une ressource productive. Ils offrent une sûreté pour, et contre, ce qui y est renfermé : leurs murs sont assurés contre les dégâts occasionnés par les pare-chocs ou les enfants, tandis que les voitures et les enfants sont eux-mêmes assurés contre les accidents. (…)

À Montaillou, à Minot ou dans le village mexicain d’aujourd’hui, la demeure n’est pas un territoire marqué par des animaux se reproduisant parce que leurs gènes l’exigent, ni une résidence spécialement destinée à des partenaires sexuels, chichement ménagée dans un espace économique. Elle est faite par les gens et non pas pour eux, c’est un espace engendré par les corps de ceux qui y habitent, c’est la trace environnementale de la vie vernaculaire. Elle n’est pas une aire d’accouplement, ni une confortable chambre forte : elle est le reflet des hommes et des femmes sur leur milieu. »