Divergences Revue libertaire en ligne
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Bulletin irrégulier – juin 2009 – n°11
Article mis en ligne le 8 juin 2009

Une si douce tyrannie

La liberté, c’est la liberté de dire que deux et deux font quatre.
George Orwell

 1 Le gouvernement par la peur
La Terreur est une création de la
Révolution française. Elle devient une forme
légale de gouvernement en septembre 1793 et
elle est soutenue par le mouvement populaire,
les sans-culottes et les enragés. Initialement,
elle était destinée à faire accepter par la force
les mesures révolutionnaires. La bourgeoisie
n’a eu de cesse, par la suite, une fois installée
au pouvoir, de faire oublier la période de la
Terreur, notamment parce que les
révolutionnaires de 1793 ont su à cette
époque prendre en considération la question
sociale et en faire un problème politique
central. Il n’empêche qu’elle sait à l’occasion
utiliser cet instrument politique dans un but
contre-révolutionnaire, pour imposer ou
conforter son pouvoir.
Aujourd’hui l’exercice de la Terreur, la
politique anti-terroriste, dissuade tous ceux
qui voudraient s’insurger pratiquement contre
l’ordre du monde de passer à l’action.

 2 Un état d’exception qui ne dit
pas son nom
La France a donc eu son petit 11
septembre 2001 : ce fut, le 11 novembre
2008, l’arrestation de présumés terroristes
appartenant à une mouvance anarchoautonome
imaginaire qui relève de la pure
invention politique et qui permet à l’État de
justifier sa propre violence et l’intensification
de la répression.
Derrière le grotesque de la situation, il y a
une triste réalité, celle du rétablissement du
délit d’opinion dans l’indifférence quasi
générale, l’accusation à partir de simples
apparences ou de supputations
abracadabrantes. Nous allons sans même
nous en apercevoir vers une remise en cause
de la « légalité démocratique » et l’institution
d’un ordre nouveau invisible ou non
repérable parce qu’il reste anonyme et
innommé. Tant et si bien que la fiction, le
prétendu danger d’un terrorisme
d’ultragauche (les anarchistes ça eut payé
mais ça ne paye plus il faut croire), devient
un événement, et la réalité, la répression
d’État, une invention pour les fous.
Ce qui a réellement de l’importance
est tu et enfoui, recouvert par
les contrevérités bureaucratiques et les
banalités journalistiques.

 3 Un État policier diffus
Aujourd’hui, les sans-papiers font
l’objet d’une répression implacable qui n’a
rien à envier à celle que pourrait pratiquer
n’importe quel État policier : conditions de
détention inhumaines, humiliations en tout
genre, mauvais traitements, arbitraire
judiciaire, persécutions et traques
continuelles…

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