"Tant qu’existaient des organisations et un programme révolutionnaires, seule importait la finalité. Pour la révolution, tous les moyens étaient bons. Puis sont venus, avec la perte de toute perspective révolutionnaire, les mouvements sociaux ; où l’on s’agite et se congratule d’être « tous ensemble », sans plus savoir exactement à quelle fin. Et comme la fin fait défaut, les moyens eux-mêmes se mettent à flotter. On ne sait plus trop comment faire, on fait des expériences. On se tape un peu avec les flics, on manifeste un peu sauvagement, on s’amuse bien pendant l’occupation et puis quand tout retombe on retourne à ses études, à son destin individualisé et l’on s’est fait quelques potes. Les mouvements offrent ce confort de ne pas trop engager : ils ont un début, un apogée et un dénouement. Et quand le pouvoir sonne la fin de la récré, on n’a pas trop de scrupule à retourner dans le rang : on n’en était pas trop sorti. Nous, nous disons que là où nous éprouvons de la joie, là est notre destin ; que les fins sont immanentes aux moyens ; qu’il faut s’attacher aux pratiques qui nous comblent de joie comme à nous-mêmes. « Et l’instant où j’ai été moi-même est effectivement la vie, la vie elle-même, la vie complète. » Nous avons entrevu dans le blocage de l’économie et l’anéantissement de la police l’étincelle d’une vie historique à quoi rien ne nous fera renoncer, quoi qu’il advienne."
Extrait de l’ultime communiqué du comité d’occupation de la Sorbonne en exil (ci-joint, complet, en pdf).