L’essai retrouvé chez les gardés à vue soupçonnés de s’en être pris au réseau ferroviaire se présente comme un manuel de l’insurrection, sabotage de lignes TGV compris.
C’est un petit livre vert de 125 pages qui intéresse fortement les enquêteurs. Il a retrouvé chez les activistes présumés arrêtés mardi – et toujours en garde à vue – dans le cadre de l’enquête sur les dégradations des voies ferrées. Publié en mars 2007 aux éditions La Fabrique et téléchargeable en intégralité ici, L’Insurrection qui vient est signé par un « collectif invisible » qui se présente comme « une tendance de la subversion présente ». Les enquêteurs attribuent sa rédaction au chef présumé du groupe, 34 ans, ancien doctorant en sociologie.
Au paragraphe « Renverser, de proche en proche, tous les obstacles », on trouve ces phrases : « Rutilant ou déglingué, le mobilier urbain (...) matérialise notre commune dépossession. Persévérant dans son néant, il ne demande qu’à y retourner pour de bon. (...) Pour la méthode, retenons du sabotage le principe suivant : un minimum de risque dans l’action, un minimum de temps, un maximum de dommages. (...) Comment rendre inutilisable une ligne de TGV, un réseau électrique ? Comment trouver les points faibles des réseaux informatiques, comment brouiller des ondes radios et rendre à la neige le petit écran ? »
Bréviaire anarchiste, l’essai se veut à la fois pamphlet contre une société « grotesque » qui accumule les symptômes de sa propre « agonie » et manuel de l’insurrection : « Nous partons d’un point d’extrême isolement, d’extrême impuissance. Tout est à bâtir d’un processus insurrectionnel. Rien ne paraît moins probable qu’une insurrection, mais rien n’est plus nécessaire. »
« Ce qu’il est important de cultiver, de diffuser, c’est cette nécessaire disposition à la fraude »
Dans les quatre derniers chapitres, le collectif appelle à le peuple à s’approprier le pouvoir localement, à s’affranchir du travail, à bloquer physiquement l’économie et à anéantir les forces de police.
Plutôt que de « s’engager dans tel ou tel collectif citoyen, dans telle ou telle impasse d’extrême gauche, dans la dernière imposture associative », le collectif appelle à se constituer en communes, « une multiplicité de communes qui se substitueraient aux institutions de la société ».
Ces communes, en attendant le point d’« auto-suffisance », vivraient de « combines multiples ». « Outre le RMI, il y a les allocations, les arrêts maladie, les bourses d’études cumulées, les primes soutirées pour des accouchements fictifs, tous les trafics, et tant d’autres moyens qui naissent à chaque mutation du contrôle. Il ne tient pas à nous de les défendre, ni de nous installer dans ces abris de fortune ou de les préserver comme un privilège d’initié. Ce qu’il est important de cultiver, de diffuser, c’est cette nécessaire disposition à la fraude. »