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Commentaire de Myosotis le 27.11.07
L’insurrection qui vient et les prophéties du désastre
Article mis en ligne le 28 novembre 2008
dernière modification le 22 novembre 2008

le 27.11.07

[Sur le site politique-fluctuat.net

" Dans le métro, on ne trouve plus trace de l’écran de gêne qui entrave habituellement les gestes des passagers. Les inconnus se parlent, ils ne s’abordent plus. Une bande en conciliabule à l’angle d’une rue. Des rassemblements plus vastes sur les boulevards qui discutent gravement. Les assauts se répondent d’une ville à l’autre, d’un jour à l’autre. Une nouvelle caserne a été pillée puis brûlée. Les habitants d’un foyer expulsé ont cessé de tracter avec la mairie : ils l’habitent. Dans un accès de lucidité un manager vient de refroidir, en pleine réunion, une poignée de collègues. Des fichiers contenant l’adresse personnelle de tous les policiers et gendarmes ainsi que des employés de l’administration pénitentiaire viennent de fuiter, entraînant une vague sans précédent de déménagements précipités. Dans l’ancienne épicerie-bar du village, on apporte l’excédent que l’on produit et l’on se procure ce qui nous manque. On s’y réunit aussi pour discuter de la situation générale et du matériel nécessaire pour l’atelier mécanique. La radio tient les insurgés informés du recul des forces gouvernementales. Une roquette vient d’éventrer l’enceinte de la prison de Clairvaux. Impossible de dire si c’est un mois ou des années qui se sont écoulées depuis que les événements ont commencé. Le Premier Ministre a l’air bien seul avec ses appels au calme." in L’insurrection qui vient - le comité invisible (Editions La Fabrique)

Les prophéties d’une crise imminente et de grande ampleur se multiplient ces derniers mois, oeuvres d’analystes respectés, de romanciers ou d’essayistes qui sentent que le vent est en train de tourner du mauvais côté.

Sans être Nostradamus ou Cassandre, cette avalanche de descriptions qui prévoient un prochain choc des valeurs et des civilisations au coeur de notre joli territoire musée, commencent à faire sérieusement flipper.
On guette avec angoisse les incidents qui ont émaillé, sur certaines lignes de métro (et sur lesquels la presse s’est tue), les dix jours de grève, mêlant petites frappes, vieux cons et braves citoyens. On observe les dernières voitures qui flambent une belle nuit d’automne comme des signes annonciateurs, les derniers gamins tombés à mobylette ou en voiture défonceuse contre les barrages de police ; on lit les faits divers (viols, menaces de mort surréalistes contre des écoliers en campagne) à cette lumière-là et en se demandant lequel de ces événements constituera l’étincelle.

La mise en place d’une politique qui, à cette manière, en est,... enfin, une : orientée, structurée, offensive, bien que couverte par le sceau oecuménique de l’élection et de la légitimité populaire, est étrangement un facteur d’instabilité et de tension. Il y a de l’électricité dans le corps social. Des couteaux s’affutent.
Les gens normaux stockent désormais des pâtes dans leurs armoires, dans un réflexe qui pourrait être lu comme autre chose qu’une simple protection contre l’inflation qui officiellement n’existe pas.

Tout ceci est hautement bizarre, politiquement bizarre à l’image de ce Président qui veut distribuer des coups de boule à la volée, comme ces ministres qui disparaissent, ces grévistes qui flanchent, ces masses silencieuses qui parlent entre leurs dents, Laure Manaudou qui nage moins vite, ces journalistes qui sourient toujours et n’ont l’air de rien.

Bizarre et suspect dans un pays riche, tranquille et prospère comme la France, ces émissions de télévision qui décryptent à longueur de journée ce que tout le monde voit et que personne ne montre, ces vélos qui roulent en se faufilant dans la circulation, comme si de rien n’était, ces vedettes ineptes qui font sauter les chaînes hi-fi avec leurs niaiseries et leurs seins blancs.

Une approche journalistique sérieuse doit se refuser à interpréter les signes du temps comme elle doit éviter de lire dans les entrailles des poulets et des poissons. Mais il n’est pas toujours possible d’éviter certains travers, pas toujours possible d’éviter l’incompréhensible et la peur.


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